La problématique environnementale est une des questions majeures de notre époque, et nos productions culturelles peuvent représenter de bon exemples de cela. C'est encore plus vrai pour la culture vidéo-ludique. Et l'un des exemple parfait de ça, c'est le jeu Terra Nil sorti le 28 mars 2023 !
Ps: un peu de musique pour accompagner votre lecture 😄 ?
D'abord, c'est quoi Terra Nil ? Eh bien c'est un jeu édité par Devolver Digital et développé par Free Lives.
D'accord, c'est bien sympas comme infos, mais ça ne nous en dit pas plus que ça sur le jeu, alors on vas se pencher un peu plus sur la description qui nous est offerte par les développeurs:
Terra Nil est un jeu de stratégie subtil sur le thème de l'environnement, qui consiste à transformer une terre stérile en un écosystème prospère et harmonieux. Ramenez un monde désolé à la vie, puis partez sans laisser de traces.
Bon, ça peut sembler encore légèrement cryptique, mais le trailer vous parlera sans doute mieux !
A l'origine de ce projet: trois hommes - Sam Alfred, Jonathan Hau-Yoon et Jarred Lunt - et un site, itch.io.
Le jeu y était publié en tant que prototype, et c'est en octobre 2020 que les developpeurs ont formé un partenariat avec Free Lives pour améliorer leur création. Le jeu sera édité par Devolver Digital et sortiras le 28 Mars 2023
Dans une interview donnée pour le média Gamerant, Jonathan Hau-Yoon explique la volonté du studio de reprendre les mécaniques du City-Builder. Le jeu utilise des éléments de ce genre de jeu, notamment la satisfaction de créer un réseaux de structures complexes. Le jeu ne se contente pas de cela, car vous devrez vous servir de ces mécaniques dans le seul but de reconstruire la vie. Et au lieu de vous étendre à l'infini, vous devrez renoncer à vos ambition en recyclant tout votre travail pour partir sans laisser de place.
De plus, les zones de jeu ont un espace limités, vous devrez donc faire attention a l'espace que vous utilisez, et vous apprendrez à anticiper.
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Si vous jouez au jeu en ayant un minimum de connaissance en climatologie, vous pourrez constater que le gameplay reprend (de manière simplifiée), les concepts de rétroaction négative et positives.
Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec ce concept (ce qui était mon cas avant cet article), laissez-moi vous expliquer en prenant l'exemple du jeu.
Le but du jeu est donc de reconstruire un écosystème, et de faire en sorte que celui-ci tienne sur la durée. On doit donc prêter autant attention aux structures qu'au climat.
Le jeu nous donne accès à des structures qui permettent d'influer directement sur la température et l'humidité.
La première structure qu'on peut placer est "l'ensemenceur de nuage", celui-ci puise dans les zones humides afin d'envoyer de l'humidité dans l'atmosphère. Cela force artificiellement l'humidification de l'atmosphère. Au bout d'un moment, ce forçage permet au taux d'humidité d'atteindre un effet de seuil. A partir de ce seuil, la pluie vas se mettre à tomber, ce qui vas amplifier l'action initiale du forçage. La conséquence - qui est l'augmentation de l'humidité et la pluie - vas se reproduire, ce qui vas créer un cycle autoreproducteur.
C'est ce qu'on appelle un effet de rétroaction positive, où les causes et les conséquences vont s'enchainer l'une et l'autre. C'est le même mécanisme qu'un cercle vicieux ou vertueux.
Ce schéma est une version simplifié, mais qui a déjà été modélisé dans des contextes réels. On s'en sert notamment pour évaluer les conséquences du dérèglement climatique.
Parmi les conséquences de la rétroaction (positive ou négative), il y en a une qui m'as fasciné: les ères de la planète dites "Boule de neige" avec la rétroaction glace-albédo.
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Les ères de la planètes "Boule de neige" sont des périodes très longues de l'histoire, où notre planète était recouverte de glace et où la température avoisinait les -60 degrés. Elle se sont produites à 3 reprises.
Toutes ses périodes ont eu un déclencheur différent, mais qui ont entrainés la même conséquences, et qu'on peut notamment expliquer par le phénomène de rétroaction.
Pour simplifier, le climat se refroidit en rejetant une partie de l'énergie envoyée par le soleil, et les surfaces glaciaires sont celles qui en rejettent le plus (c'est notamment pour ça que les UVs sont particulièrement dangereux en montagne).
On peut appliquer le schéma qu'on a vu plus haut à ce phénomène: Il vas y avoir un élément déclencheur (par exemple l'éruption d' un super volcan ) qui vas causer un refroidissement initial du climat. Ce refroidissement vas avoir pour conséquence de permettre aux surfaces glaciaires de s'étendre. En s'étendant, elles vont rejeter plus d'énergie, et donc augmenter le refroidissement général. La rétroaction fait le reste, et la terre se transforme en boule de glace.
Le but de chaque "session", ça vas être de réhabiliter une terre stérile en remplissant des objectifs. Vous devez d'abord purifier la terre polluée, reconstituer la flore, puis enfin faire revenir la faune dans des environnements adaptées pour elle.
Une fois tout cela fait, vous n'avez plus qu'à recycler toutes les structures utilisées et à repartir sans laisser aucune trace.
Un peu à la manière de Minecraft (jeu auquel il fait référence notamment via son achievment "Minecraft, c'est la vie !"), le jeu propose une difficulté adaptative. Concrètement, vous avez 4 façons de jouer.
Si vous êtes du genre casual gamer, vous pouvez vous la jouer paysagiste.
Le but de ce mode de jeu ? La détente avant tout ! On n'est pas là pour s'arracher les cheveux, mais pour profiter de la gratification de redonner vie à tout un écosystème. Et dans un monde ou l'éco-anxiété se fait de plus en plus présente, un peu de relaxation devient nécessaire, sinon vitale !
Dans ce mode de jeu, vous n'avez pas de grosse contraintes au niveau des ressources de départ.
Les structures utilisées vous couteront aussi très peu de ressources
Vous aurez également accès au didacticiel et a des astuces durant votre partie.
Et enfin - le plus important - vous pourrez recycler vos structure en cas de pénurie de ressources.
C'est un mode de jeu parfait pour démarrer le jeu et comprendre ces mécaniques. Et pour peu que vous ne soyez pas habitué ou friand des jeux de stratégies trop prise de tête, ce mode de jeu est parfait pour vous !
Comptez environ 11 heures de jeu pour terminer ce mode. Mais si c'est du challenge que vous voulez, 3 autres modes s'offrent à vous !
Une fois que vous voulez ajouter de la difficulté, c’est une autre histoire.
Le mode normal (aka « écologue ») vous donne un peu moins de ressources (mais avec une bonne marge tout de même). Les structures vous coûtent également légèrement plus de ressources.
Dans ce mode de jeu, les 4 premières maps sont assez facile à terminer, surtout si vous êtes un habitué ! Pour les 4 niveaux alternatifs, c’est une autre histoire. Compléter ces niveaux vous demanderas une certaine maîtrise des mécaniques de jeu. Pour ma part, c’est à partir de ce moment que j’ai commencé à utiliser le système de Monorail, qui permet de faire de belles économies.
Eh oui, au début de votre game, vous devrez vous la jouer capitaliste pour préserver suffisamment de ressources. Ces économies vous permettrons ensuite de vous lâcher un petit peu plus dans les deuxièmes et troisièmes étapes.
D'ailleurs, voilà un petit conseil: A partir de la deuxième étape, visez la tombée de la pluie ou de la neige, cela finiras de nettoyer votre carte !
Une fois arrivée dans les derniers niveaux, j'ai vraiment ressenti la satisfaction du mastermind. Il faut dire que j'avais 40 heures de jeux à mon actif.
Mais c'est avec le mode expert, aka "ingénieur environnemental", que j'ai découvert l'aspect véritablement stratégique de ce jeu.
Eh oui car ici, l'optimisation et l'anticipation sont vitales si vous voulez remplir vos objectifs ! De plus, vous n'avez pas de retour en arrière possible une fois vos structures posées. Autant vous dire que vous devrez recommencer un niveau plusieurs fois pour trouver le bon angle sous lequel aborder votre carte.
Nota Bene: Pour le dernier niveau, je me suis retrouvée soft-lock à cause des tournesols et je n'ai réussi à le régler qu'en mode facile. Si jamais vous y parvenez, n'hésitez pas à partager vos astuces !
Si aucun de ces modes ne vous convient, vous pouvez adapter les différents critères comme vous le souhaitez et vous créer votre propre mode de difficulté !
L'ambiance sonore et musicale joue énormément dans l'aspect zen du jeu. On y retrouve le même style d'ambiance que dans les derniers Zelda (Breath of the wild ou Tears of the kingdom), avec le bruit des éléments naturels et quelques notes de musiques par ci par là.
J'aime aussi beaucoup comment la musique évolue au fur et à mesure que l'on avance dans la carte.
La musique est signée Meydän, un compositeur Français (cocorico !) de 30 ans.
A l'origine, il compose des musiques libre d'utilisation que vous pouvez retrouver notamment sur freemusicarchive.org. Vous pouvez également le soutenir sur Bandcamp. Pour avoir écouté, c'est typiquement le genre de musique que l'on peut écouter quand on lis ou quand on travaille ! On est un peu dans un esprit lo-fi mais dans une branche plus relaxante et contemplative.
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"Mieux vaut prévenir que guérir !" Dans ce jeu, on n'en est plus à ce stade. Les biomes sur lesquels on intervient sont arides, asséchés, parfois même pollué ou irradiés. Le niveau qui nous renvoie le plus à notre rôle et à notre impact, c'est surement celui de la ville irradiée, où les ruines des immeubles côtoient l'océan pollué.
Se retrouver face à ça au début peut être déconcertant, voir même déprimant. Ca cristallise bien l'angoisse de beaucoup de monde sur l'avenir de notre planète et notre responsabilité dans sa dégradation.
Mais quel bonheur de réparer cette zone aride, et d'en faire un havre pour la faune et la flore ! Le jeu est d'ailleurs très gratifiant pour ça, puisqu'après avoir réhabilité une terre, vous pouvez prendre quelques secondes (ou plus) pour apprécier ce qu'elle est redevenue.
A titre personnel, le biome que j'affectionne le plus reste celui de l'archipel, pour la grande diversité de faune et de flore qu'il propose !
Au final, il y a quelque chose de très satisfaisant dans le fait de reconstruire cette nature. Et on est vite tenté d'apprécier le fruit de notre dur labeur (surtout quand on a joué en expert et qu'on s'est arraché les cheveux pendants plusieurs heures !). Il y a u vrai côté cathartique dans ce jeu. Même si il peut paraitre très légèrement irréaliste par moment (et pour cause, ce n'est pas un simulateur de laboratoire non plus), il a le mérite de nous redonner du pouvoir. Là où on se sent parfois impuissant dans le monde réel, on arrive à agir sur un environnement dans le jeu. Et mine de rien, ça nous rassure aussi sur notre capacité à préserver notre planète.
Si vous décidez de vous procurer ce jeu, sachez qu'une partie des recette est directement reversée à L'Endangered Wildlife Trust (EWT)
L'EWT existe depuis 1973. C'est une ONG a but non lucratif qui s'attacher à conserver un maximum les écosystèmes et les espèces menacées d'Afrique australe (région du monde d'où est également inspiré le jeu).
Elle vas monter des programmes d'action de recherche et de conservation, et soutenir la gestion durable des ressources naturelles.
Leurs actions entrent notamment dans le cadre du programme de développement durable, en remplissant plusieurs objectifs, comme l'Action pour le climat, l'éducation de qualité ou contre la faim dans le monde.
C'est une organisation qui a un programme, des objectifs et des valeurs claires.
Vous pouvez les soutenir en faisant en don, on partant en voyage avec eux ou en visitant leur boutique, voire même en devenant bénévole !
Comment jouer au jeu ? C'est bien simple ! Le jeu est procurable sur PC, IOS et ANDROID. Vous pouvez vous rendre sur le site du jeu (magnifique au demeurant) ou bien piocher dans les liens ci-dessous:
En plus du jeu, vous pouvez également vous procurer l'OST du jeu ainsi que les Artbook (Disponible seulement en Anglais sous-titré Espagnol !) sous forme de DLC, disponible sur Steam.
En guise de conclusion, je ne peux faire autrement que de paraphraser en tentant de traduire maladroitement Jonathan Hau-Yoon:
"Je pense que lorsque nous sommes entourés de nouvelles de catastrophes climatiques ou de visions post-apocalyptiques et dystopiques du futur , il devient facile de tomber dans l'apathie et de penser qu'un avenir sombre est inévitable. Au lieu de cela, nous donnons aux joueurs la solution pour les sortir du découragement. Un désert désolé ? Les outils pour le changer sont à votre portée. Nous les calmons avec une musique douce et délicate et une DA magnifique et luxuriante. Nous essayons de nous pencher davantage sur le fait que la nature est pleine d'émerveillement et de beauté, qu'il vaut la peine d'en prendre soin et de la préserver. "
"Mais la chose la plus touchante pour moi, c'est de lire des tweets de personnes qui ont dit que jouer au jeu les avait fait pleurer de manière inattendue. Quelqu'un a mentionné sur Twitter que lorsque la pluie est tombée, quelque chose a traversé sa dépression et qu'il a pleuré pour la première fois depuis longtemps. Je pense vraiment qu'il y a quelque chose de cathartique dans le fait de prendre soin de la nature. Oui, restaurer et préserver l'environnement est bon pour nous, pour avoir des terres, un air et une eau plus propres, et pour limiter les catastrophes climatiques. Mais - et cela va sembler terriblement ringard, mais je le crois - je pense que cela restaure aussi quelque chose en nous."
Je ne peux qu'être d'accord. Avec l'éco-anxiété et la culpabilisation écologique qui nous oppresse de plus en plus, on a plus que jamais besoin de reprendre espoir. Ce jeu ne prétend pas révolutionner le monde ou résoudre les problèmes environnementaux, il nous permet simplement de reprendre espoir, et de nous faire comprendre que, nous aussi, nous pouvons avoir un impact positif sur le monde.
A sa manière, ce jeu nous répare et contribue à nous faire grandir. Et au fond, n'est-ce pas le premier pas pour changer le monde ?
Et en prime, sachez que le Joueur du Grenier en a fait une vidéo, disponible aussi par ici !
Sources:
Steam
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